Espaces cultivés, cimetières et terrains de sports

publié le 4 octobre 2019 (modifié le 17 novembre 2019)

Quelques cultures subsistent encore… tandis que cimetières et terrains sportifs offrent des ouvertures de nature au sein de l’urbanisation.

  ENJEUX des espaces cultivés

- Préserver les espaces cultivés, dans un projet de territoire qui « consolide » leur présence par un rôle avéré dans l’espace urbain, et un traitement qui, en permettant aux habitants d’en tirer bénéfice, garantirait leur pérennité. C’est par exemple le cas du projet de parc agricole autour du Sausset à Tremblay.
- Sauvegarder la mémoire des cultures fruitières et maraîchères, dans les faits et par leur évocation dans les lieux et les représentations.

Ci-dessous : les terrains Montceleux à Sevran, photo et carte.

Sevran. Les terrains Montceleux aujourd’hui, une "enclave cultivée" dans le contexte de la plaine de France urbanisée.

Ci-dessous : les terres cultivées de Tremblay-en-France

Tremblay-en-France. Les cultures forment actuellement encore une couronne au sud du vieux village.

  Espaces cultivés

Il ne reste plus grand chose des cultures de la plaine de France, l’étalement urbain n’en a laissé que quelques bribes :

Le village initial de Tremblay en France reste environné de cultures, du moins au sud. Il avait été envisagé de maintenir et de mettre en valeur cette couronne agreste, mais actuellement, les projets d’extension du secteur d’activités Paris-Nord-II et du Parc des Expositions, vont en réduire la surface, tandis qu’un « parc agricole » doit voir le jour autour du ruisseau du Sausset.

Quelques poches de cultures sont également encore en présence à Coubron, du côté est de la butte, et à Sevran les terrains Montceleux sont restés cultivés dans l’attente de la construction d’une autoroute. A Stains/Pierrefitte, le maraîchage a perduré dans la zone des Tartres, le quartier du Clos St-Lazare ne s’étant réalisé que sur une moitié de son projet initial, et à Montreuil, la structure des murs à pêches, si la culture ne s’y est pas maintenue, a laissé dans le paysage des traces bien présentes qui motivent de nouveaux projets de culture.

Chacune des poches de culture fait actuellement l’objet de projets de développement plus ou moins urbains, et l’agriculture proprement dite pourrait à terme disparaître des paysages du département, tandis que, ponctuellement, des activités d’agriculture urbaine pourraient se mettre en place, comme cela est engagé à Romainville.

Les « jardins familiaux » relèvent de cette catégorie et existent depuis longtemps. Certains ensembles importants marquent nettement les paysages, par exemple aux abords du fort d’Aubervilliers, au parc des Beaumonts, et les projets ne manquent pas.

Tremblay-en-France. Un bâtiment agricole patrimonial, encore présent dans le centre ancien.

Les développements urbains récents gagnent sur les dernières terres cultivées du département.

  Orientations identifiées par l’étude anthropologique

LES TERRES
AGRICOLES

SITUATION #11

Comment parler des terres agricoles dans un département fortement urbanisé tel que la Seine-Saint-Denis? Quelle dimension paysagère leur est-elle attribuée ? A partir des cartes Potentiel et Fragile croisées avec celle des projets nous comprenons que ces terres seront bientôt urbanisées dans la logique de « remplissages des vides » que nous avons pu décrire auparavant. Elles vivent et profitent encore aujourd’hui d’une relative situation de marginalité : les habitants les décrivent comme un lieu de respiration car elles permettent de voir loin, même si elles ne sont pas vraiment ancrées dans leur expérience quotidienne à cause de leur difficulté d’accès. Les acteurs en parlent comme un lieu d’horizon et de calme du fait de l’absence de voitures.
Chez les habitants et les acteurs les terres agricoles ne sont pas un paysage hérité de la Seine-Saint-Denis, il suffit de regarder la carte des hauteurs de la nature pour comprendre leur relative présence. Les anciennes terres agricoles du département ont été dans le XXe siècle « remplies » par les éléments liés au développement territorial de la région parisienne tels quels les aéroports, les grands ensembles et les activités industrielles qui ont complètement reconfiguré la structure territoriale et qui sont devenues l’héritage d’aujourd’hui. Paradoxalement l’enjeu des terres agricoles aujourd’hui en Seine-Saint-
Denis est plutôt un potentiel (cf. carte), un projet et non pas un héritage du passé qu’il faut sauver. Trois échelles territoriales de production agricole participent de façon différente à la variété des paysages agricoles du département : la grande échelle de la monoculture, l’échelle petite-moyenne de la culture maraîchère et la petite échelle de « l’agriculture urbaine ». La monoculture présente dans les territoires de Tremblay, perçue comme ennuyante pour les paysagistes à cause de sa monotonie (cf. carte ennui et §3), est la forme de production agricole qui a été jusque-là garante de la grande échelle territoriale mais qui aujourd’hui, ne reflète plus les enjeux du développement territorial du département. La culture maraîchère, en revanche, paraît à certains interlocuteurs (§ 2), comme la forme agricole la plus adaptée à un territoire de plus en plus fragmenté. Enfin, « l’agriculture urbaine » (celle traditionnelle de jardins ouvriers et familiaux, mais aussi, et celle plus actuelle des « jardins partagés ») qui se développe en « tache de guépard » sur tout le département est pour l’instant une forme d’agriculture d’autosubsistance et de loisir plutôt que de réelle production. Dans la même catégorie, produisant néanmoins des paysages bien différents du foisonnement tant louée de la précédente, la question de la production agricole est aujourd’hui portée aussi par des nouvelles expérimentations d’agriculture urbaine hors-sol, en vertical, en étages ou sur les toits, par exemple dans des projets comme celui de La Ferme urbaine à Romainville.
Il serait intéressant comprendre la dimension paysagère développée dans ce projet qui semble aller dans la même direction de densification urbaine en acte au sein du département.

  Agriculture urbaine

Si le maraîchage a pratiquement disparu, le jardinage reste pratiqué en Seine-Saint-Denis, notamment dans les jardins "ouvriers" dont l’ambiance marque encore fortement certains paysages, comme par exemple les glacis des forts de l’Est ou d’Aubervilliers.
Les murs à pêches de Montreuil restent un paysage attachant, une trace d’une production et d’une expertise spécifiques, dont la mémoire est désormais perpétuée.

De nouveaux programmes d’agriculture urbaine sont actuellement envisagés, comme la cité maraîchère de Romainville, en cours de construction.

Le chantier de la cité maraîchère.

  Cimetières et parcs sportifs

Aux « respirations » des parcs, il est possible de rapprocher certains équipements dont les caractères peuvent également offrir des qualités paysagères.

De vastes cimetières, dont certains métropolitains, couvrent de vastes espaces et pourraient, en raison de la présence des arbres, constituer des épisodes paysagers intéressants.
Le cas du cimetière de Pantin est exemplaire : couvrant 112 ha, il est en mesure de constituer un épisode d’un grand intérêt dans le paysage du secteur, en mettant en lien plusieurs centres d’intérêt tels que le fort d’Aubervilliers.

Certains parcs sportifs représentent eux aussi de très importantes surfaces ouvertes, des respirations dans l’espace urbain, qu’il convient d’aborder comme des séquences paysagères. Ci-dessous, les ensembles du pont de Pierre (Bobigny, 21ha) et de Marville (St-Denis/La Courneuve, 29ha)

Le cimetière de Pantin  en grand format (nouvelle fenêtre)
Le cimetière de Pantin
Une emprise remarquablement vaste et arborée, une opportunité de paysage à saisir, notamment pour accueillir des parcours de liaison entre les points d’intérêt du secteur.
Les terrains de sport de Marville en grand format (nouvelle fenêtre)
Les terrains de sport de Marville
Les terrains de sport de Pantin en grand format (nouvelle fenêtre)
Les terrains de sport de Pantin

  ENJEUX des cimetières et parcs sportifs

- Reconnaître la valeur des cimetières, espaces ouverts, souvent animés de beaux arbres.
Leur inscription plus délibérée dans l’espace public peut apporter beaucoup au cadre de vie des habitants, comme par exemple, l’ouverture du cimetière de Pantin en lien entre le fort d’Aubervilliers, la cité des Courtillières, le parc des sports et la gare.
- Inscrire davantage les parcs sportifs dans l’espace public en traitant les limites, clôtures, en permettant de les traverser, et en gérant leurs qualités paysagères.

Cimetière de Pantin  en grand format (nouvelle fenêtre)
Cimetière de Pantin
Des articulations plus nombreuses avec les espaces urbains et les pôles de vie attenants sont envisageables.