Les centres historiques et les faubourgs

publié le 5 juin 2018 (modifié le 17 novembre 2019)

Saint-Denis et les villages initiaux ponctuent le territoire, les faubourgs marquent les abords de Paris.

Des centres historiques  en grand format (nouvelle fenêtre)
Des centres historiques
Les centres historiques, que distingue la forme de bâti continu, occupent grosso-modo les mêmes emprises aujourd’hui qu’à la fin du XVIIIème siècle. Ils ne se sont pas étendus dans leur forme initiale, mais ont été englobés dans les nappes discontinues du développement péri-urbain parisien.

  ENJEUX des centres

Ce sont les lieux d’ancrage à l’histoire et les espaces d’intensité urbaine. Préserver, valoriser, articuler aux tissus voisins, favoriser la mixité fonctionnelle et sociale, rendre agréable aux piétons et cyclistes, sont autant de pistes à poursuivre.
Les gares et les quartiers attenants ont un rôle majeur à jouer. Cette action permet de conforter les lieux de plus forte caractérisation, d’échapper au risque d’indifférenciation de la banlieue.

- Maintenir ou recréer/créer des centralités à échelle humaine en favorisant l’échelle du piéton. Maintenir la vitalité et l’idée d’appartenance.
- Favoriser la mixité fonctionnelle et sociale
- Maintenir la caractérisation pour échapper à l’indifférenciation
- Faire des gares de réelles polarités qualitatives et animées.

  Caractères des centres-villes

La carte d'état-major en grand format (nouvelle fenêtre)
La carte d’état-major

Sur la carte d’Etat-major du début du 19ème siècle, figurent les villes que nous connaissons aujourd’hui, dans les contours de ce que nous appelons désormais les « centres villes ». En Seine-Saint-Denis, ces « centres historiques » ne sont pas nombreux sur la carte. On distingue la ville de Saint-Denis, nettement plus importante, quelques faubourgs dans la continuité de Paris, et un semis de villages, peu nombreux et de taille modeste, assez compacts et bien délimités au sein de la campagne cultivée du bassin parisien.

Les paysages des centres sont formés de rues, bordées de façades à l’alignement, de places, de bâtiments cultuels, administratifs et culturels formant des « monuments » et des repères.
Les fonctions n’y sont pas ségréguées en zones, mais se côtoient et se superposent : logements au-dessus des commerces et des activités, église et mairie au cœur des bâtiments civils…

Presque toujours présents (certains ont été volontairement démolis pour faire place aux forme urbaines de la modernité des trente glorieuses, comme à Bobigny), les centres initiaux sont désormais environnés non pas par leur propre périphérie, mais par les vagues de développements péri-urbains parisiens qui ont investi l’espace des cultures qu’ils venaient ponctuer.

Le "centre" du village de Tremblay-en-France a gardé l’ambiance d’un bourg agricole.

Bobigny. A gauche : Carte d’Etat-Major, début XIXème siècle, et à droite, carte IGN 2010. Il ne reste du village initial que l’église, le reste a été entièrement rasé (tabula rasa) pour laisser place à une galerie marchande sur dalle, débouchant sur la mairie.

Bobigny. Photos du chantier de construction du nouveau centre

Romainville. De récentes opérations adoptent un style "néo-haussmannien", en référence aux quartiers parisiens du XIX ème siècle.

  Des lieux d’identité et d’attachement

Ancrés dans l’histoire, les centres forment autant de « lieux » caractérisés par leurs monuments (églises, mairies) et par la notion de communauté portée par le village, dont ils forment les paysages.
Les populations sont attachées à la vie partagée dans l’espace public, les marchés, les terrasses de café, les commerces quand il en reste, les fêtes populaires…

  Le « faubourg », une spécificité attachante quoiqu’imprécise

Le faubourg relève de la ville historique du fait que la structure de la rue et les implantations en façade restent lisibles, de même que les parcelles successives.
Il s’en écarte par la disparité parfois très vive du bâti, qu’il s’agisse des fonctions (un petit immeuble voisine une activité puis une maison), des hauteurs, ou des traitements architecturaux : l’unité des centres des villages n’est pas de mise.

On y sent fortement les capacités à muter, parcelle par parcelle, et non sous forme de grande opération ou de vaste zone : le faubourg est l’antithèse du zonage, ce qui lui vaut certainement l’attachement dont il fait l’objet, associé à la vitalité de ses transformations, et au côté « pas prétentieux » de son absence d’unité architecturale.

Les paysages de faubourgs sont particulièrement propres aux abords immédiats de Paris, c’est d’ailleurs leur définition première : le faubourg s’entend le long d’un axe de circulation, et débute après la porte de la ville.

  Orientation identifiée par l’étude anthropologique

LES FAUBOURGS

SITUATION #6

A l’échelle du département, c’est la première couronne qui concentre la perception du paysage Vivant, notamment là où les tissus de type faubourien et les centralités sont prédominants. La proximité et la continuité morphologique avec Paris, bien que relative et le plus souvent rompue par le boulevard périphérique, jouent probablement un rôle dans ce ressenti. Néanmoins, l’intensité urbaine des faubourgs de banlieue semble avoir aussi un caractère spécifique. Ici, le « méli-mélo » qui marque l’urbanisation de la Seine-Saint-Denis se déploie à l’échelle piétonne, ce qui contribue à une perception d’intensité urbaine. Dans le ressenti de nos interlocuteurs, ces paysages s’apparentent aux « vieux centres villes » où « tu as envie d’évoluer à pieds à cause de la richesse de séquences, des commerces, de l’animation, des choses qui se passent ». On retrouve l’idée selon laquelle, dans le contexte urbain, l’expérience du paysage passe aussi par « le spectacle de la vie » (§2), c’est-à-dire par les usages, les ambiances et les relations du quotidien. Les paysages du faubourien, qualifiés d’Hérité, sont également ressentis comme fragiles notamment dans les secteurs en projet (Cf. carte projets) de première et deuxième couronne, entre Saint-Ouen et le Canal de l’Ourcq, ou dans certains sites à Bagnolet et Montreuil (les ZAC de la Fraternité et du Faubourg). L’incertitude, voire la crainte, porte sur les risques de neutralisation de cette intensité urbaine et de ses « spécificités » par effet du changement socio-spatial que ces projets impliquent et accélèrent. La possibilité que ce paysage puisse continuer à se déployer passe par des pratiques et politiques de transformation privilégiant la réhabilitation à la
démolition/reconstruction.