Zones d’activité et commerciales

publié le 5 juin 2018 (modifié le 26 novembre 2019)

Composant de vastes faisceaux, les zones d’activité marquent l’ambiance du département, beaucoup se transforment.

Les développements urbains de l’ère industrielle ont rapidement investi les territoires situés aux portes de Paris, marquant la Seine-Saint-Denis d’un important tissu de petites et de grandes, voire de très grandes emprises vouées aux activités.
Le phénomène s’est accentué et concentré aux abords des grandes voies ferrées, formant des faisceaux qui constituent en eux-mêmes des unités paysagères.

  ENJEUX des zones d’activité, de bureaux et de commerces

Le zonage et la standardisation, la faiblesse des ambiances des espaces publics, sont les principales faiblesses paysagères, mais certaines opérations tendent à répondre à ces enjeux, par la recherche architecturale, le soin et les continuités des espaces publics. Les aménagements dédiés aux déplacements en transports en commun, à pied, à vélo, et pas uniquement aux voitures, ont également pour effet d’améliorer les qualités paysagères.

Enjeu transversal :
- Redonner de la porosité, créer des sentes, des voies apaisées pour traverser les actuelles enclaves.

Zones d’activité :
- Favoriser les espaces publics qualitatifs favorables aux modes actifs de déplacement, aux transports en commun, à la trame verte et bleue.
- Expérimenter l’urbanisme temporaire pour permettre l’appropriation des lieux et des projets à venir : enjeu d’intensité urbaine.

Bureaux :
- Maîtriser la production de bureaux et l’impact dans le tissu d’accueil : échelle, qualité architecturale, population (insertion sociale et commerciale).
- Favoriser une pluralité d’usages pour "avoir des quartiers qui vivent" : enjeu de la mono-fonctionnalité.

Centres commerciaux :
- Aménager/réaménager les parkings pour redonner de la place à l’échelle humaine, les végétaliser et gérer les eaux pluviales à ciel ouvert.
- Rechercher la qualité architecturale

  Une part très importante du territoire

La « zone d’activité » constitue une typologie urbaine importante, qui couvre de vastes surfaces, et est fortement associée à l’image du département.

Carte des zones d’activités (en rose). Les surfaces sont très importantes, marquant particulièrement les limites nord de Paris et les lignes d’infrastructures majeures.

Représentations patrimoniales d’activités. Dans les représentations patrimoniales et les espaces contemporains, les activités inscrivent dans le paysage des motifs parfois marquants.

  Plusieurs degrés de qualité paysagère

La spécialisation des secteurs d’activité en « zones » fonctionnelles, outre qu’ils font fortement contraster le département de banlieue avec l’espace parisien, donne des ambiances non habitées, vides le soir et la nuit, sans animation.
Le zonage s’accompagne en outre le plus souvent d’une absence d’articulation avec les autres tissus, les zones constituant des espaces étanches et qui ne présentent à leur voisinage que leurs clôtures ou les faces arrière de leurs parcelles.

Selon les zones, le paysage proposé peut beaucoup varier.
Dans les cas les moins favorables, l’espace public, non traité, est bordé de longues clôtures peu aimables. Certaines activités, comme les casses auto, les décharges, stigmatisent des territoires marginaux, où elles sont rejetées loin des centres-villes.
Lorsque l’espace public est soigné, un paysage peut être davantage qualifié, comme dans le secteur planifié de Paris Nord 2.

  Des secteurs en forte mutation

La désindustrialisation a des effets notables, des pans entiers des zones industrielles sont en mutation et suscitent la création de nouveaux paysages urbains. Le phénomène est particulièrement marquant au nord de Paris, et devrait voir évoluer par exemple le site emblématique de l’usine Peugeot d’Aulnay-Sous-Bois.
De la même façon, un « écoquartier » voit le jour sur l’Ile-Saint-Denis, un autre à Saint-Ouen, en lieu et place des anciens secteurs d’activité d’industrie ou de logistique.

Pantin. D’anciens bâtiments d’activité industrielle ou artisanale sont transformées en bureaux.

Pantin. Le maintien du bâtiment donne un cachet indéniable aux nouvelles activités qu’il accueille.

  Les bureaux forment de nouveaux paysages urbains

L’activité tertiaire se développe en Seine-Saint-Denis, dans les secteurs proches de Paris et bien desservis : Marne-la-vallée, plaine saint-Denis, Saint-Ouen…

L’architecture des bureaux s’inscrit parfois dans d’anciennes activités industrielles, mais prend aussi la forme de quartiers d’affaire monofonctionnels qui se vident, eux aussi, le soir, et apparaissent à certains comme des paysages « froids », bien qu’ils adoptent la structure des rues traditionnelles.

Quelques tours de bureaux constituent des « repères » dans le ciel, comme la tour Pleyel ou les Mercuriales.

Noisy-le-grand, des bureaux qui forment un quartier entier.

  Les « grandes surfaces »

La structure des villes n’est pas la même selon que les commerces occupent les rez-de-chaussée des rues (modèle des villes « constituées », actuellement très fragilisé dans la plupart des villes mais pas à Paris), ou bien qu’ils soient organisés en zones, voire en vastes « mails commerciaux » construits dans des secteurs spécifiques accessibles en voiture et environnés de vastes parkings.

Ce modèle de commerce péri-urbain est fréquent en Seine-Saint-Denis, marquant à nouveau un contraste avec Paris, qui ne contient aucune grande surface. Certains sites sont particulièrement vastes, marquants pour le territoire.

Une évolution des paysages est en cours, l’architecture de ces équipements cherchant davantage à rompre la banalisation des formes bâties, pour créer des « lieux » identifiables.
A Aubervilliers, le « Millénaire » adopte une formulation moins monofonctionnelle, plus ouverte sur l’espace public, et propose un lieu identifiable, rompant fortement avec les formes banalisantes habituelles.
A Sevran, le mail commercial situé au carrefour des cités et à proximité de la gare, peut constituer un espace public majeur dans les projets de rénovation urbaine.

Le Millénaire à Aubervilliers. Un centre commercial qui s’inscrit plus délibérément dans le contexte urbain.
A lire, le rôle des centres commerciaux et des nouveaux secteurs de bureau dans le vécu : intensité commerces et bureaux

  Orientation identifiée par l’étude anthropologique

LES ZONES D’ACTIVITÉS

SITUATION #8
Parmi les sept familles de sens émergées pendant le travail de terrain (§2) figurait celle du « côté négatif du paysage ». Cette famille de sens relevait à la fois de l’imaginaire stigmatisant, qui comme un réflexe, accompagne souvent les récits sur la Seine-Saint-Denis, mais aussi de l’imposition ressentie par les habitants vis-à-vis des choix politiques produisant des paysages perçus comme ennuyants et, parfois, même hostiles. Rentrent dans ce type de paysages ceux associés aux nombreuses zones d’activité économique que l’on retrouve à l’échelle du département.
Dans leur association aux grands axes routiers et/ou ferroviaires (par exemple le long de l’autoroute A1 ou au croisement entre la A3 et la A86), les zones d’activités produisent une continuité d’espaces monofonctionnels qui par l’uniformité de bâtiments (en terme de gabarit, de forme, de matériaux utilisés), et par leur disposition selon des trames viaires répétitives, épaissit et renforce la rupture établie par l’autoroute. A l’effet écran produit par ces longues séquences des façades, s’ajoute la coupure d’espaces « sans qualité urbaine » (tel les grands surfaces minérales de parking ou des plates-formes de stockage que les accompagnent) et qui laissent peu de place à une appropriation par le piéton.
Bien qu’elles soient perçues comme de zones complètement normées, une certaine vivacité leur est parfois associée.
Si les zones d’activité sont exemplaires de la dissociation entre la dimension économique et urbaine du développement territoriale, elles sont également représentatives d’un paradoxe territorial : tout en étant connectées aux échelles nationales et globales, via les infrastructures routières et numériques, elles restent néanmoins souvent déconnectées à du niveau de leur intégration à l’échelle locale. Par rapport aux surfaces qu’elles occupent (bâties et non bâties), les zones d’activité constituent un potentiel paysager refoulé et non reconnu, qui souvent amplifie le caractère négatif de certains paysages déjà perçus comme fragile. Elles sont encore souvent un impensé autant du point de vue de l’aménagement du territoire, qu’en ce qui concerne leur possible intégration paysagère (qui ne peut pas être réduite à la « végétalisation » des façades ou des toits).